Patrimoine de pays

Restauration d’une « grâve » à Mornac

Quelle était l’utilité des constructions anciennes sur le marais de la Seudre ?
Pour répondre, toujours par la pratique, l’Association « l’Huître Pédagogique » organisait visites et démonstrations les 13 et 14 Juin à Mornac dans le cadre des Journées Nationales du Patrimoine de Pays.
Voilà qui a permis de découvrir d’abord le fonctionnement des moulins à marée utilisant la force motrice de l’eau au moment du reflux. Le plus ancien de la dizaine répertoriés sur les chenaux de la Seudre était celui de Mornac connu en l’an 1079. L’actuel bâtiment à deux arches, rénové au 19ème siècle sur les ruines d’un édifice du 17ème, a fonctionné jusqu’à la guerre de 1940-45 transformé en atelier de menuiserie. Ainsi nos ancêtres, à chaque époque, savaient utiliser l’énergie renouvelable de la marée !

Les femmes des cabanes

Même chose quant au développement durable, pour la maîtrise des eaux salées avec la mise en œuvre des anciennes « varagnes », ces vannes construites en pierre ( aujourd’hui en métal) dont certaines constituent de véritables œuvres d’art méconnues. C’est le cas à Mornac de la « varagne » à double niveau de la prise de marais DEROISE près de l’embouchure du chenal. Plus proche du village, la vanne de retenue d’eau du « Monard » ( la réserve du moulin) mérite également attention.
Toujours du côté des pierres, le marais, dans sa partie navigable, conserve encore des « bornes de halage » le long des chenaux. Ce sont autant de témoins de la navigation à voiles lorsqu’il fallait ,contre le vent, haler les bateaux depuis la berge.
Plus visibles restent les cabanes. Les visites des Journées du Patrimoine à Mornac ont permis de faire comprendre leur évolution depuis les abris des sauniers jusqu’aux établissements ostréicoles modernes en passant par les petites cabanes d’éleveurs d’huîtres et leur personnel les « femmes des cabanes ».

Le droit de « grâve »

Cette année l’aspect principal et actif du Patrimoine de Pays s’est traduit par la restauration d’une ancienne « grâve ». Cette démonstration a mis en relief les petites cales rudimentaires évoquées dès le 16ème siècle. Ces « grâves » sont construites à partir de fagots de bois figés dans la vase et de pierres de lest dont les voiliers se débarrassaient sur le bord des chenaux en venant charger le sel.
Plus récemment ces petites cales recouvertes de coquilles d’huîtres et nettoyées régulièrement au « boguet » (ancienne écope à manche) servaient d’accès aux cabanes ostréicoles. Leur intérêt était d’offrir la possibilité de descendre au fond du chenal sans s’embourber. Ainsi il était possible de partir naviguer au dernier moment du reflux et de revenir dès la première eau de la marée montante.
Le terme de « grâve » était utilisé Outre-Atlantique lorsque les bateaux de Saintonge allaient pêcher la morue à Terre-Neuve. C’était des endroits ou l’on faisait égoutter les poissons avant le séchage. Après que Terre-Neuve et le Canada soient devenus britanniques, les Anglais ont laissé aux pêcheurs français des « droits de grâve ». Ainsi le petit patrimoine de pays de la Seudre rejoint-il la Grande Histoire !

 



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