La Journée du Printemps de Seudre

Faire face à la fragilité du milieu côtier !

Nécessaire entretien du milieu et cohérence dans sa gestion ! Pour le Marais de Seudre, ces deux aspects mainte fois évoqués, prennent aujourd’hui un relief tout particulier. Ils seront évoqués à travers visite, démonstrations et débats lors de la Journée du Printemps de Seudre organisée le samedi 20 Mars à Mornac par l’Association « L’Huître Pédagogique ».

L’entretien des « taillées »

Le Marais de Seudre, zone humide salée de 12000 hectares, fait partie sur le littoral charentais des espaces côtiers fragiles. Les dégâts de la tempête de février viennent, hélas, de le démontrer une nouvelle fois, dix ans après l’ouragan de 1999.

Voilà, en tout premier lieu, qui pose la délicate question de l’entretien, voire de la restauration des « taillées », des digues, le long des «achenaux » qui caractérisent ici ce milieu conquis sur les anciennes vasières de Seudre depuis plus d’un millénaire. La première mention écrite des marais salants de Mornac remonte, en effet, à l’an 1095 !

Ce travail, qui nous permet encore aujourd’hui d’apprécier des paysages tout en « mosaïques » s’est inscrit dans un véritable développement durable, même si l’expression n’était pas employée à l’époque ! Maintenant, en ce deuxième millénaire nous sommes légataires d’un héritage bien particulier à transmettre. A la fois patrimoine environnemental, lieu d’une riche biodiversité et espaces économiques notamment pour l’ostréiculture, le marais demande de gros efforts d’entretien.
De plus face aux risques de changements climatiques, un aspect évoqué à Mornac le 30 Janvier lors de la Journée Mondiale des Zones Humides, sans doute va-t-il falloir faire preuve d’imagination. Ceci, par exemple, à travers des formes de gestion solidaire du milieu en parallèle avec l’intervention du public.

Visites et démonstrations

Reste, bien sûr, à sensibiliser sur les enjeux du milieu. La Journée du Printemps de Seudre, animée par des bénévoles associatifs devrait y contribuer. Elle se déroulera en deux temps.
De 9H45 à 12H visite commentée sur la maîtrise des eaux, découvertes des plantes salées de marais, et démonstrations d’entretien de claires à huîtres.. Le repas de midi, sous abri, pourra être pris en commun, chacun apportant son panier.
Puis de 14H30 à 16H30 débats avec illustrations sur la vie et les mutations du marais à « la Salle du Port » à Mornac.

Les participants pourront, s’ils le souhaitent prendre part à l’activité de terrain (prévoir des bottes). Chacun, bien sûr, est invité à apporter son propre regard, ses idées et sa bonne humeur dans un dialogue convivial et fructueux. Tous, petits et grands, seul, en famille ou en groupe,peuvent ainsi participé à la découverte et au dialogue.

Pratique : rendez-vous à 9h45 samedi 20 mars sur le port de Mornac
Participation : 3 euros par personne, gratuit pour les enfants de moins de 10 ans.


Voici le compte-rendu de la journée :


Protéger le marais en le faisant vivre !

Faire face à la fragilité du milieu et aux nécessités de son entretien ! tel était, cette année, le thème de la Journée du Printemps de Seudre organisée par « l’Huître Pédagogique » le 20 mars à Mornac.

Selon la formule de participation associative habituelle la rencontre s’est faite d’abord le matin, sur le marais, pour des démonstrations pratiques « les pieds dans la vase », puis l’après-midi, à travers une réflexion et des perspectives proposées quant à la façon de sauvegarder le marais et ses digues les « taillées » malmenées par la tempête de février.

D’abord, profitant d’une belle fenêtre météo, ce fût un ensemble de démonstrations autour du travail des huîtres. Leurs outils traditionnels en mains, ils étaient cinq hommes à chausser les bottes. Guillaume Martin, Yann Barrau, Jacques Biais, Jean-claude Lebrun et Raymond Thenaud se sont activés pour faire comprendre aux visiteurs, gestes à l’appui, la nécessité d’un bon entretien du milieu. Ce qui, bien sûr est tout à fait possible avec les équipements modernes d’aujourd’hui.

De son côté, Paul Rocher chargé de l’illustration à « l’Huître Pédagogique » réalisait un reportage photographique qui va permettre la présentation de ce travail traditionnel lors d’une prochaine exposition à Mornac, sur la vie côtière dans le marais de Seudre.

Après le milieu, les huîtres ! Tandis que Jany Lebrun, en femme de cabane experte montrait le détroquage, les différentes phases de l’ activité ostréicole étaient expliquées par Alain Bertin, ostréiculteur aux compétences reconnues.. Bien sûr l’actualité n’était pas oubliée face à la fermeture préfectorale du commerce ostréicole pour cause de phytotoxine dans les eaux côtières charentaises. Et là, on a évoqué la spécificité des claires en tant que lieux de protection de la qualité des eaux. Le pouvoir épurateur de ces bassins à fond d’argile est déjà connu. En effet, des analyses ont montré, il y a quelques années, que les mollusques pouvaient être décontaminés après un passage de quelques jours dans les claires.

Certes, aujourd’hui le contexte est différent car la phytotoxine en cause trouvée en mer dans les pertuis, fait partie du plancton. Mais des analyses de l’eau des claires sont en cours dans vingt secteurs du littoral charentais dont plusieurs points du marais de Seudre.. Cela a été confirmé lors de la réunion ostréicole du 22 Mars à La Tremblade. Peut-être y a-t-il un espoir de ce côté ? Quoi qu’il en soit, le rôle du marais et des claires s’avère de la plus grande importance pour l’avenir de l’ostréiculture !

L’autre partie de la rencontre de Mornac a été consacrée à la fragilité du marais et surtout de ses digues les « taillées ». Après une présentation géographique et historique des « prises » de marais sur le bassin de Seudre par Roger Cougot et Guillaume Martin, on a évoqué le Règlement Général des Marais. Ce texte du sous-préfet Le Terme est certes, ancien – promulgué en 1824- mais son principe reste toujours en vigueur. Ainsi les différents articles traitant des digues précisent une obligation de solidarité pour tous les propriétaires d’une même « prise » de marais. Ceci même s’ils ne sont pas riverains d’une « taillée » Ils doivent en effet apporter leur concours aux travaux à réaliser.

Aujourd’hui, après la tempête de février et face à de nouveaux risques de changements climatiques, on s’est interrogé à la Rencontre de Mornac sur l’opportunité d’imaginer à nouveau des formes de gestion solidaire. Ceci par exemple en multipliant la création « des Associations syndicales autorisées » de marais comme cela a été fait à Saint-Just-Luzac ou encore à travers « l’A.S.A » de Saint-Sulpice –Saujon dont a témoigné le président Jean-Claude Lebrun.

On a donc mis l’accent sur l’utilité d’une telle prise en compte du milieu par les personnes con cernées elles-mêmes. Ce qui, bien sûr, devrait aller de pair avec l’intervention des collectivités publiques. Mais a-t-on insisté, il ne faudrait pas que des directives extérieures du genre « la mer doit reprendre ce qu’elle recouvrait autrefois » viennent mettre à mal les zones humides du marais salé. Un abandon serait très préjudiciable y compris pour la santé publique.

Ici, sur le bassin de Seudre, on est en présence d’un milieu qui reste utile à trois niveaux : le maintien de la biodiversité, la poursuite d’activités économiques telle l’ostréiculture, et enfin l’utilité pour la qualité de la vie humaine. Il s’agit donc bien de protéger le marais tout en le faisant vivre. C’est le défi d’aujourd’hui !




 
 



Créer un site
Créer un site